La fondatrice

Rachel Lombard a créé Dansez Maintenant. Qui est-elle et quel est son parcours ? 

Rachel Lombard

« Je danse depuis plus de 20 ans.

Je dansais à Paris avant de vivre à l’étranger pendant 5 ans.

Quand je suis rentrée, j’ai été frappée par la vétusté des écoles de danse parisiennes.

Je me suis rendue compte que le constat était partagé par d’autres danseurs ou professeurs.

J’ai créé l’école que j’aurais aimé avoir.

J’ai pensé à Montmartre car c’est un quartier d’artistes dont l’histoire m’a inspirée»

Pourquoi avoir choisi Montmartre ?

C’est un coup de chance ! Je cherchais un local dans Paris, plutôt central (j’ai éliminé ce qui était en périphérie du 15ème, du 19ème, ou du 20ème par exemple), mais pas en plein cœur de Paris, pour offrir un nouveau lieu pour la danse en dehors des écoles existantes qui sont plus proches de la Seine. Il y avait aussi beaucoup de contraintes de volume nécessaires à la création d’un studio de danse; alors qu’à Paris il y a beaucoup de petits espaces. Cela n’a pas été une tâche aisée. Le local correspondait parfaitement à ce que je cherchais en termes de potentiel, et nous sommes à 20 minutes de Châtelet ; ce qui est très pratique, à cinq minutes de trois stations de métro (ligne 2, 4 et 12).

Je cherchais principalement à avoir un espace sans mur porteur : un grand studio de 100m2 et un studio de 50m2 (45m2 aujourd’hui), de la hauteur sous plafond (nous avons 5 mètres !). Je souhaitais également avoir un espace qui se situe sur le même niveau pour pouvoir mettre des vitres et créer une ambiance de studio de danse que j’aime dans les studios new yorkais par exemple. Aujourd’hui, seuls les vestiaires sont à l’étage, ce qui est absolument parfait ! Nous avons fait de gros travaux, et j’ai pu faire exactement ce que j’avais imaginé depuis de nombreux mois ; avec un espace de convivialité au cœur de l’école. Par ailleurs, le local offrait un avantage de taille : le grand studio est sous un jardin, cela permet d’éviter les nuisances sonores pour les voisins. Le local habitait les Textiles Sima, la plus grande boutique de tissus du quartier pendant 40 ans, et avant cela, c’était un garage, l’espace est idéal et tout le monde s’y sent bien.

Qu'est ce qui te plait dans ce quartier ?

Montmartre, c’est un village, et je cherchais à créer de la convivialité alors je suis servie ! C’est d’abord un beau quartier historique, nous sommes à 200 mètres du square Louise Michel qui est situé sous le Sacré-Cœur ! Nous sommes à deux pas du marché Saint-Pierre, dans lequel grouille les créatifs parisiens. C’est un quartier très vivant, qui a beaucoup changé ces dernières années, avec plus de jeunes familles qui s’installent. Le bouche à oreille est allé vite pour les cours enfants. Il y a aussi plein d’artistes qui viennent au cours de danse : des comédiens, des peintres, des photographes, des cinéastes, des danseurs professionnels, quelle chance nous avons ! Ce sont les habitants du quartier qui sont notre richesse ! Il y a tant de choses à découvrir, je ne me lasserais pas de me balader dans les petites rues du quartier et faire de belles rencontres inspirantes. Ce n’est qu’un début !

Comment ce quartier reflète-t-il l'école ?

Nos voisins ont été ravis de voir une nouvelle école de danse s’ouvrir près de chez eux, et les commerçants des alentours sont toujours heureux de voir des artistes prendre place à côté de leur magasin indépendant, souvent des boutiques de tissus ou de décoration. En s’installant dans ce quartier nous avons aussi beaucoup de personnes qui avaient arrêté la danse il y a 5, 10, ou 20 ans qui reprennent aujourd’hui car ils habitent à côté. C’est un effet d’opportunité, et la proximité compte. Personnellement, je n’ai pas forcément envie de faire 50 minutes de transports pour mes activités hebdomadaires. Les habitants du quartier reviennent aux cours, et cela change leur quotidien, ils nous font des témoignages ; c’est tellement beau, et nous sommes si heureux !

Comment t'es venue la passion de la danse ?

A 7 ans, je faisais de la gym et j’ai eu envie de faire une activité avec ma grande sœur qui a deux ans de plus que moi. Je l’ai rejoint dans son cours de danse jazz. Un jour ma sœur s’est cassé le bras après quelques cours, et je ne voulais plus aller à la danse. Ma mère m’a forcée à y retourner, elle est plus têtue que moi ! J’ai donc été contrainte de suivre les cours, et j’ai commencé à me concentrer, j’ai progressé vite en jazz, mon professeur m’a alors mise à la danse classique et a voulu me faire sauter un niveau. J’ai ensuite fait des concours de danse en danse classique, jazz, en groupe ou en individuel. J’ai dansé 15 heures par semaine pendant 10 ans hors horaires aménagées. J’aimais mes études, et j’ai donc poursuivi en classe préparatoire et école de commerce. J’ai dû réduire le rythme, mais j’ai continué et nous avons crée un concours de danse inter-école de commerce qui existe toujours 11 ans après (cela s’appelle Rouen Battle of Style) ! J’ai aussi créé des cours de danse classique dans l’école. Ensuite j’ai vécu à l’étranger, en Chine, au Japon, en Angleterre et j’ai dansé à chaque fois dans des studios différents. Cela m’a inspiré sans que j’en sois consciente à l’époque ; c’est drôle d’y repenser.

Pourquoi avoir fait de la danse ton métier ?

C’est un concours de circonstances. Après l’école, je me suis spécialisée en entrepreneuriat, j’ai ensuite fait un VIE (Volontariat International en Entreprise) à Londres et je suis restée dans une entreprise anglaise à faire des études de marché. Cela se passait très bien dans l’entreprise dans laquelle je travaillais mais je n’étais plus en accord avec les valeurs de consommation. J’étais ambassadrice Unicef pour l’entreprise, et je suis allée faire un trek pour l’Unicef dans l’Himalaya, et là je me suis promis de changer de vie. En parallèle, je venais d’arriver à Paris pour un nouveau poste pour la même entreprise, je cherchais des studios de danse. Venant de Londres, je trouvais que les studios de danse étaient vétustes et froids ; je me suis rendue compte que les élèves et les professeurs ressentaient la même chose que moi. Alors, j’ai décidé de tout quitter pour ouvrir un studio de danse, et voilà ! La danse a construit ma personnalité ; cela fait partie de moi. J’ai eu envie de faire partager ce plaisir en le rendant accessible. J’ai voulu créer un lieu dans lequel les danseurs se sentiraient à l’aise, un lieu à la fois exigeant et bienveillant. C’est comme ça qu’est née Dansez Maintenant. J’ai pris le local après le premier confinement, j’ai ouvert entre les deux confinements, et nous avons fermé au public pendant 11 mois lors de la première année, mais je ne regrette pas une seule seconde. Le contexte est difficile mais je continue de m’accrocher parce que je me sens au bon endroit, et je suis fière de ce que nous avons construit avec les 35 professeurs, (bientôt 40 !) de l’école ; nous faisons danser des milliers de personnes, c’est sublime, et il y a encore plein de cours à créer pour faire danser les parisiens !